La réception du Président Erdogan, le vendredi 5 janvier (veille du Noël arménien) sème le trouble au sein de la communauté arménienne de France. Les défenseurs de la démocratie, des droits de l’Homme et des minorités craignent que la France ne fasse pas preuve de la fermeté suffisante face au Président turc qui a bien pris soin, depuis plusieurs années, de multiplier insultes et provocations à l’encontre de l’Europe et de ses dirigeants.
De surcroit, cette visite en France intervient dans un climat lourd de menaces à l’encontre des représentants des communautés arméniennes et des opposants turcs réfugiés en Europe comme l’a indiqué le 20 décembre dernier un communiqué de Garo Paylan député du HDP.
Le président de la République a promis d’aborder la question des droits de l’homme durant sa rencontre avec son homologue turc. Les Français d’origine arménienne, en butte aux manoeuvres d’Ankara qui a fait de l’exportation du négationnisme du génocide de 1915 une des priorités de sa politique étrangère, n’en attendent pas moins. Ils demandent notamment à Emmanuel Macron de ne pas esquiver la problématique du génocide des Arméniens qui est à la racine des menées criminelles et expansionnistes des régimes successifs turcs depuis cent ans. Une tradition fascisante qui trouve hélas aujourd’hui en M. Erdogan un digne héritier.
Ainsi, 5 ans après, quasiment jour pour jour, l’assassinat de trois militantes kurdes à Paris, dans lequel la justice avait pointé l’implication des services secrets turcs, s’apprêterait-on à dérouler le tapis rouge devant le chef de cet Etat génocidaire avant même que de devenir terroriste et liberticide ? Car que l'on ne s’y trompe pas : la terrible répression dont les peuples de Turquie et les démocrates de ce pays font les frais aujourd’hui, s’inscrit dans une longue tradition de persécutions politiques, qui a atteint son apogée avec le génocide des Arméniens, mais qui s’est aussi traduite par des massacres successifs contre les minorités chrétiennes, grecques, assyro-Chaldéennes, contre les Kurdes, les Alévis, les démocrates turcs, sans oublier l’occupation de Chypre, membre de l’Union Européenne. Les grandes puissances ainsi que l’Europe portent une lourde responsabilité dans cette situation. La complaisance internationale envers tous ces crimes nourrit en effet depuis cent ans l’arrogance d’un pouvoir qui n’a de cesse de narguer les démocraties, de fouler au pied leurs valeurs, tout en se réclamant indument de leur camp. Le passif est lourd pour la Turquie.
La violence et la duplicité sont au coeur des agissements de cet État, y compris à l’égard de la France, comme en témoignent aussi, outre l’assassinat des militantes kurdes à Paris, les arrestations en forme de prises d’otage pratiquées contre les journalistes français en 2016 et 2017. De plus - faut-il le rappeler ? - son ultra-nationalisme, mâtiné depuis 20 ans d’islamisme, constitue une menace pour ses voisins, en particulier la République d’Arménie, contre laquelle l’État turc impose un blocus et continue à propager la haine. Cette situation demande également une réponse des plus hauts responsables de la scène politique internationale.
Bureau National du CCAF
Paris, le 4 janvier 2018