L’absence de toute loi susceptible de réprimer le négationnisme du génocide arménien donne libre cours à une recrudescence visible de ce fléau sur le sol national. Fort de leur impunité, les pourvoyeurs de cette idéologie criminelle font montre d’une arrogance nouvelle. Les livres reprenant à leur compte la propagande d’Etat de la Turquie, qui ne connaissaient jusqu’à peu qu’une diffusion confidentielle sont aujourd’hui distribués en grande surface. Des individus payés par des think tanks liés à la diplomatie turque se permettent d’inverser les rôles et d’intenter des procès aux descendants des victimes qui dénoncent leurs agissements. On a également vu ces derniers mois l’organisation de conférences et de manifestations ouvertement négationnistes à Dreux et à Evreux.
Cette situation porte en germe une prolifération de ce type de comportement et un réel risque de troubles à l’ordre public. Considérant cette menace et prenant acte des décisions du Conseil Constitutionnel de censurer les lois votées par le Parlement en 2012 et 2016 qui auraient permis de pénaliser le négationnisme du génocide arménien, deux députés, Luc Carvounas et François Pupponi ont décidé d’attaquer le problème à la racine en proposant l’introduction d’un nouvel article dans le cadre de la réforme constitutionnelle en cours. Cet article indique que « La négation des crimes de génocide et crimes contre l’humanité reconnus par la nation ou par une juridiction française ou internationale est réprimée dans les conditions définies par la loi».
Le CCAF, inquiet du climat de haine entretenu par quelques incendiaires professionnels et autres organisations à la solde d’un Etat complice et receleur du génocide de 1915, soutient totalement cette initiative et appelle de ses voeux sa réussite. Le négationnisme n’est pas une opinion, mais une idéologie d’Etat attentatoire la mémoire des victimes et à la dignité humaine. Pas plus que le racisme ou l’antisémitisme, il ne doit pouvoir se répandre sans entrave dans l’espace public.
Bureau national du CCAF
Paris, le 4 juillet 2018