Le CCAF condamne avec la plus grande fermeté les dernières manoeuvres visant à faire abolir la loi de reconnaissance du génocide des Arméniens, votée il y a 20 ans le 29 janvier 2001. La QPC que déposera Maître Pardo devant la 17e chambre correctionnelle de Paris contre ce texte le jeudi 4 février, représente une nouvelle tentative des milieux proches de l’État turc de servir ses agissements négationnistes, qui constituent le volet politique de l’entreprise d’extermination.
La reconnaissance par la France du génocide des Arméniens comme celle opérée par 27 autres parlements (Allemagne, Etats-Unis, Russie, Canada etc) et institutions (parlement européen, sous commission des droits de l’homme de l’ONU etc.), relève du devoir de mémoire à l’égard du million et demi d’Arméniens massacrés sur ordre du gouvernement «Jeunes Turcs» en 1915.
Elle constitue un hommage à l’endroit des victimes du premier génocide du XXe siècle, dont le souvenir n’a cessé d’être bafoué par les gouvernements turcs successifs. Elle participe en outre de la prévention contre les crimes contre l’Humanité, alors que l’État Turc continue jusqu’à aujourd’hui à tirer les dividendes politiques et économiques de l’annihilation physique des Arméniens et des chrétiens du pays dont il est le complice et le receleur.
Le CCAF dénonce de surcroît le harcèlement judiciaire pratiqué par Monsieur Maxime Gauin contre des militants et journalistes engagés dans la cause arménienne. Il apporte tout son soutien à Ara Toranian et Laurent Leléykian, poursuivis pour avoir respectivement publié et relayé un tweet du député socialiste suisse Carlo Sommaruga, qui avait qualifié M.Gauin de « négationniste du génocide arménien » et de « suppôt du pouvoir turc ».
Le CCAF voit dans la configuration de ce procès l’une des conséquences de la censure du Conseil Constitutionnel sur la loi Boyer (2012) et sur la loi Kanner (2016), deux textes qui rendaient possible la poursuite des négationnistes du génocide des Arméniens à l’instar de ceux des autres génocides du XXe siècle. Au lieu de quoi nous assistons aujourd’hui à cette inversion des rôles qui voit un défenseur des thèses turques se poser en accusateur et les descendants des victimes déférés au banc des accusés.
Après les violences racistes contre les Français d’origine arménienne l’été dernier à Décines, à Vienne et à Dijon, cet insupportable procès appelle une mise à jour rapide de la législation du pays en ce qui concerne la répression du négationnisme, en particulier lorsqu’il est promu sur le sol national par des officines d’un État étranger.