Convoi humanitaire pour l’Artsakh

30 août 2023 11 minutes de lecture

Le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan lançait une offensive de grande ampleur sur le territoire de la République d’Artsakh (ou Haut-Karabakh) menant à la guerre dite des 44 jours. A l’issue de cette guerre, l’Azerbaïdjan a pris le contrôle de 70% du territoire de l’Artsakh. L’accord tripartite signé le 9 novembre 2020 pour mettre fin aux combats prévoyait qu’une voie de communication serait préservée entre l’Arménie et l’Artsakh : le corridor de Latchine.

Le 12 décembre 2022, l’Azerbaïdjan a franchi un nouveau pas en installant un barrage sur le corridor de Latchine, empêchant toute communication entre l’Artsakh et l’Arménie, et donc entre l’Artsakh et le reste du monde.

De ce fait, le corridor qu'empruntaient régulièrement les 120.000 Arméniens d'Artsakh, et d’où passaient jusqu'alors nourriture et médicaments, n’a plus laissé passer pendant un temps que les convois de la Croix-Rouge pour le transfert, au compte-goutte, des malades urgents, avant d’interdire tout passage.

L’essence, les denrées alimentaires et les médicaments ont rapidement manqué. Les autorités d’Artsakh ont établi un système de rationnement. Pain, sucre, riz, pâtes et œufs ne sont, depuis, accessibles que selon un calendrier précis.

Les coupures d’électricité, de gaz et d’internet sont également fréquentes. La seule ligne d'approvisionnement en gaz et en électricité qui provenait d’Arménie, et passait par le territoire désormais sous occupation azérie, a été sabotée. Les autorités artsakhiotes ont instauré des coupures journalières pour économiser l'énergie. Depuis le 26 mai, les coupures sont passées de 3 à 6 heures par jour. L'hôpital est également concerné par les pannes. Les générateurs suffisent difficilement à alimenter les services d'urgence et de réanimation.

Les Artsakhiotes, privés de chauffage et d’eau chaude pendant les jours les plus froid de l’hiver, ont également souffert de coupures d’eau, aux heures les plus chaudes de l’été.

Les premières victimes de ce blocus sont les personnes vulnérables : femmes enceintes, enfants, personnes porteuses de handicap et personnes âgées. Le nombre de malaises et fausses couches ont bondit en raison du manque de nourriture et des conditions de vies extrêmement difficiles.

C’est dans ce contexte que, suite à la suggestion du CCAF, Madame la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé le 24 avril 2023, jour de commémoration nationale du génocide des Arméniens, que la ville de Paris contribuerait à envoyer un convoi humanitaire en direction de l’Artsakh.

Le 9 juin 2023, le Conseil de Paris adoptait à l’unanimité une résolution en faveur du soutien de l’envoi d’un convoi humanitaire en coopération avec d’autres collectivités françaises aux Arméniens d’Artsakh isolés par le blocus du corridor de Latchine et à ceux réfugiés en Arménie.

C’est ainsi que les villes de Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Bagneux ainsi que les régions Île-de-France, Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie ont contribué financièrement au projet pour un montant total de 182 000€. Grâce à cette aide financière, 10 camions ont pu être remplis d’aide humanitaire pour l’Artsakh. 

Une délégation française composée de plusieurs élus et représentants de ces collectivités territoriales se sont également rendus en Arménie pour escorter le convoi d’aide humanitaire, manifester leur soutien aux Arméniens d’Artsakh, et tenter d’influer en faveur du passage des camions à travers le corridor de Latchine.

La délégation était composée notamment d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, Xavier Bertrand, Président de la région Hauts-de-France, Patrick Karam, vice-président de la région Île-de-France, Bruno Retailleau, Sénateur et conseiller régional du Pays-de-la-Loire, Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg, Michèle Rubirola, Première adjointe au Maire de Marseille, Sonia Zdorovtzoff, Adjointe au Maire de Lyon, François Pupponi, Président du cercle d’amitié France-Artsakh, Aline Mouseghian, conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes, mais également plusieurs représentants de la région Occitanie, Ara Toranian, coprésident du CCAF, et Nadia Gortzounian, Présidente de l’UGAB France.

Des journalistes du Figaro, du Point, de RFI, de France 24 et d’Ouest France étaient également présents pour accompagner le convoi et couvrir ce déplacement.

Le 30 août au matin, la colonne de camions a pris la route en direction de Kornidzor, accompagnée par la délégation française.

Arrivés à Kornidzor, les camions contenant l’aide humanitaire française ont été empêchés de passer par l’armée azerbaïdjanaise qui bloque le passage du corridor de Latchine en direction de l’Artsakh.

​​Les membres de la délégation ainsi que les journalistes français présents ont pu constater eux-mêmes, à proximité immédiate de là où ils se tenaient, le checkpoint militaire illégalement installé par l’Azerbaïdjan, empêchant le passage du corridor.

Les élus ont passé un long moment à observer le point de blocage en présence du Ministre des affaires étrangères d’Artsakh et du Gouverneur du Syunik qui ont pu leur décrire en détail la situation et leur apporter plus d’explications, en présence de la presse française et arménienne.

La délégation française a ensuite été conduite à Goris, où les élus ont été accueillis par le Ministre des affaires étrangères d’Artsakh, Serguey GHAZARIAN, ainsi que le Gouverneur de la province du Syunik, Robert GHUKASYAN. S’en est suivie une séquence de questions-réponses informelle au cours de laquelle les élus français et arméniens ont pu échanger sur la situation.

S’est ensuite tenue une conférence de presse en duplex avec Arayik Harutyunyan, Président de la République d’Artsakh, qui a pu à son tour commenter la situation et présenter ses remerciements aux élus français pour l’initiative à laquelle ils ont pris part. S’en sont suivies les prises de parole de plusieurs membres de la délégation française ainsi qu’une séquence de questions-réponses avec la presse locale et internationale.

Le soir même, les élus et représentants des collectivités ont été reçus par le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan autour d’un dîner pour partager un moment privilégié et échanger sur la situation en Artsakh et les relations entre la France et l’Arménie.